HISTORIQUE

   IV<sup>ème</sup> siècle : AUX ORIGINES DU CHRISTIANISME : LES MARTYRS

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Sainte Foy
Petite statue en argent doré de Sainte Foy ; entre 1493 et 1497 47 cm ; Trésor de Conques Les poinçons frappés sur les feuilles d’argent, ainsi que les archives, permettent d’attribuer cette oeuvre de style gothique tardif à Hugues Lefan et Pierre Frechrieu. La sainte porte le glaive et le gril, instruments de son martyre.

Les récits des "passions" de ces saints donnent peu de renseignements sur leurs vies passées.

Caprais était-il le fils d’un fonctionnaire romain, supplicié en octobre 274, au moment où Aurélien voulut imposer à son profit une "monolâtrie" d’Etat, en introduisant le culte d’Isis ? Etait-il l’un de ces soldats chrétiens qui écrivirent à l’Empereur : "Empereur nous sommes tes soldats ; mais nous sommes aussi - nous le proclamons librement - serviteurs de Dieu. A toi nous devons le service militaire ; à Lui nous devons de ne pas faire le mal. Si l’on ne nous impose pas la funeste obligation de l’offenser, nous continuerons à faire ce que nous avons fait jusqu’ici : nous t’obéirons. Sinon, nous obéirons à Dieu plutôt qu’à toi..."

Selon une autre tradition, Caprais aurait été prêtre, chef de la première communauté chrétienne. Il aurait évangélisé et baptisé la jeune Foy de 12 ans, fille de haute naissance. Vers 285, le préfet Dacien arrivant dans la ville ordonna de lui amener la vierge Foy, et il essaya de la persuader de sacrifier à Diane. Elle répondit que tous les Dieux étaient des démons, ajoutant : "je m’appelle Foy de nom et de fait". A la suite de quoi, elle fut étendue sur un lit de fer sous lequel on avait allumé un feu.

Cependant, les autres chrétiens s’étaient enfuis et se cachaient dans une des grottes sur les pentes du coteau, avec le prêtre Caprais. De sa cachette, il assiste au supplice de Foy... L’appel du martyre monte au coeur de Caprais, mais ses compagnons le supplient de rester. Il demande un signe de la volonté de Dieu... une source jaillit soudain, qui lui dit le témoignage que Dieu attend de lui : il doit se livrer. Le préfet essaie encore de faire apostasier Foy et Caprais, mais sur leur refus de sacrifier aux idoles, ils sont décapités en ensevelis sur place. Plus tard le corps de Caprais est placé dans un tombeau, dans le cimetière gallo-romain des notables en un lieu appelé "le Martrou".

Au sujet de Saint Vincent, on peut lire le témoignage de Grégoire de Tours : "Une Eglise diaconale prend figure chez nous aux environs de 250" avec pour diacre Vincent. Etait-il le "diacre" de Saint-Caprais ? Lui aussi mourut pour avoir lutté contre l’idolâtrie.Dès le Vème siècle, on parle d’une "Basilique Saint Vincent" à l’emplacement de l’Ermitage où l’on venait vénérer les reliques et boire à la fontaine miraculeuse de Saint-Caprais. Le coteau de Pompéjac prit le nom du Saint : le coteau Saint Vincent.



   XVII<sup>ème</sup> siècle : LES ERMITES

Après 40 ans de guerres civiles et religieuses, (après notamment les violences provoquées par la présence à Agen de la Reine Margot, en rébellion contre son mari, le futur Henri IV), le XVIIème siècle s’ouvrit dans la paix et les Agenais formèrent le projet de restaurer l’Ermitage St Vincent : il était alors en ruine et livré "tant aux ronces qu’au libertinage". Le projet devait aboutir en 1612, lorsque les consuls firent venir un jeune homme de grande renommée ascétique : Eymeric Roudilh.

Ce dernier vécu seul à l’Ermitage 10 années durant, avant d’être rejoint par 2, puis 4 compagnons. Le petit groupe d’ermites vivait sous la dépendance de l’Evêque d’Agen qui, en 1674, codifia leur genre de vie en une Règle monastique.

Ce texte nous les présente : vêtus d’un pauvre habit de laine noire ; partageant leur temps de 4 h du matin à 21 h entre la prière et le travail manuel ; vivant d’aumônes et des fruits de leur jardin et mettant tout en commun et surtout "amateurs du silence".
Ils firent à l’Ermitage des travaux considérables : aménageant des 6 grottes dans la falaise à l’est des bâtiments, restauration du cloître, construction d’un mur d’enceinte, de chambres extérieurs au rocher et d’un clocher.

Les ermites vécurent ainsi paisiblement jusqu’à la Révolution. Ils furent alors chassés et l’Ermitage fut vendu comme bien national.

Eymeric Roudilh à Agen

Eymeric Roudilh était déjà ermite près de Cahors lorsqu’il fut appelé à l’Ermitage. Son premier soucis fut de dégager la chapelle St Vincent, ainsi que l’accès aux grottes voisines.

Après un temps de rejet et même de persécutions, il gagna la sympathie des Agenais en déployant à leur encontre une inlassable charité : il partageait son pain avec les pauvres, soignait les lépreux, appelait à la conversion ceux qui s’attardaient dans les cabarets, accueillait dévots et repentis, enfin suscitait les conversions et faisait des miracles (on raconte ainsi une pêche miraculeuse dans la Garonne...).

Sa renommée attira la Reine Anne d’Autriche à gravir à pied le chemin du coteau un soir d’août 1621, pour venir s’entretenir avec lui et demander ses prières.

Un témoignage relatant la peste de 1628-1631, qui fut accompagnée de famine et d’hivers très rigoureux, le décrit ainsi : "Cet homme admirable accourait tous les jours auprès des plus délaissés, les consolant, leur prodiguant des soins, s’exposant cent fois à mourir et n’y prenant pas garde...".

L’influence d’Eymeric Roudilh était telle qu’il put, avec les Capucins, s’interposer, sur les barricades, un crucifix à la main, entre les deux parties de la population, lors de la révolte populaire qui ensanglanta Agen en 1635.

Beaucoup enfin, dirent lui devoir leur vocation.
A sa mort en 1649, une foule immense vint assister à ses obsèques. Il laissa une remarquable réputation de sainteté.



   XIX<sup>ème</sup> siècle : LES CARMES

1846 : Les religieux Carmes sont revenus en France depuis seulement 5 ans. Arrivant d’Espagne, ils se sont installés au Broussey près de Bordeaux et déjà, ils cherchent à fonder un Collège de Philosophie et de Théologie pour les jeunes religieux qui se préparent au sacerdoce.

C’est alors que la propriété de l’Ermitage leur est offerte providentiellement grâce à un officier de Marine à la retraite, Joseph Lalanne qui pour tout paiement, demande aux moines de pouvoir finir ses jours parmi eux. Les religieux de Bordeaux s’installent donc ici et aménagent la maison dans l’enthousiasme. Les épreuves ne manquent pas, la pauvreté est rude, mais l’Ermitage devient en peu de temps un lieu spirituel très fréquenté.

Parmi les étudiants Carmes qui firent leurs études ici, il importe de s’attarder un peu sur la figure d’Hermann Cohen.

Hermann Cohen naquit à Hambourg en 1820 dans une famille juive aisée. Pianiste de grand renom, élève et ami de Litz, il se laissa griser par la vie mondaine jusqu’au jour où, remplaçant le titulaire de l’orgue pour une cérémonie chrétienne, il fut bouleversé par la grâce et demanda le baptême. En 1849, il entra chez les Crames au Broussey, où il prit le nom de Frère Augustin du Saint Sacrement, et arriva à l’Ermitage l’année suivante pour y faire sa Philosophie.

Le Prieur sut mettre ses talents à profit : "Mon cher frère, chaque matin durant 40 jours, vous vous retirerez dans une des grottes du rocher, où j’ai fait placer un piano, afin d’y composer 40 cantiques en l’honneur du Saint Sacrement". Et frère Augustin composa...

C’est à l’Ermitage également qu’Hermann Cohen fut ordonné prêtre. Sa présence contribua considérablement au rayonnement de ce couvent : on montait en foule aux offices, dont il dirigeait la musique et les chants, on se pressait pour entendre sa prédication, à l’Ermitage où, plus rarement, en ville (à la Cathédrale notamment).

...Tant et si bien qu’il fallut songer à la construction d’une grande église... Les travaux furent rapidement entrepris et la 1ère pierre fut bénite dès 1855. L’église fut élevée "en forme de croix latine, dans le style ogival", sur le projet des architectes Payen et Bourrières, et dédiée à l’Immaculée Conception, dont le dogme venait d’être proclamé en 1854.

La flèche ne fut achevée que 10 ans plus tard. Le clocher renfermait à l’époque 2 cloches, nommées Marie (FA#) et Joséphine (LA). La grande statue de la Vierge, en cuivre doré, mesure 2 m 80. Dominant la plaine de l’Agenais, la Vierge, comme à Lourdes, ouvre maternellement les bras en signe d’accueil.

L’inauguration du clocher, le 14 Avril 1864, fut un évènement grandiose pour la ville d’Agen. Au terme de ce discours en chair, le prédicateur lança ces mots : "Ville d’Agen ! Tourne souvent tes yeux du côté de cette église, comme le marin vers l’étoile polaire...".

La cérémonie fut suivie d’un mémorable feu d’artifice qui illumina l’église et le coteau.

Cependant après quelques 35 années de rayonnement, les Carmes sont expulsés en 1880.



   XX<sup>ème</sup> siècle

Les Carmes reprennent possession de l’Ermitage vers 1925. Hélas, les pères trouvent les bâtiments complètement délabrés après 45 ans d’abscence. Père Marie-Eugène

Mais un événement va donner à l’Ermitage un souffle nouveau : en mars 1932, le couvent d’Agen devient le noviciat des Carmes pour le Midi de la France et le Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus en est nommé prieur... Mais qui est ce jeune Carme auquel incombe une si lourde charge, ce moine dont la renommée de sainteté sera un jour si grande que l’on ouvrira sa cause de canonisation (en 1985) ?

Quant il arrive à Agen en 1932, il n’a que 37 ans. Déjà la guerre de 1914 a révélé ses qualités de chef et lui a donné une precieuse expérience des hommes ; il est prêtre et Carme depuis 10 ans. Il n’est pas encore l’homme d’envergure, le Supérieur Général de l’Ordre des Carmes, qui sillonera le monde et rencontrera les cultures les plus diverses ; il n’est pas encore le maître spirituel dont l’enseignement éclairera tant d’hommes de notre temps... mais déjà il est convaincu que la rencontre personnelle avec Dieu et la découverte de son Amour infini sont une expérience accessible à tous les chrétiens. Ce sera l’essentiel de sa prédication et le coeur de sa fondation, l’Institut Notre-Dame de Vie.

Le Père Marie-Eugène ne restera que 4 ans à l’Ermitage, mais il donna une impulsion déterminante.

En 1936, Le Père Marie-Eugène quitte Agen pour Monaco, et bientôt Rome où l’attendent des charges importantes.

Cepedant l’action du Père devait marquer l’Ermitage bien au-delà de ces années... et même se prolonger jusqu’à nos jours. En effet, en 1959, quand les Carmes décident d’abandonner le couvent de l’Ermitage, Mgr Johan demande au Père Marie-Eugène d’y établir une oeuvre de Notre-Dame de Vie. Ce sera le début d’un Centre ménanger rural qui au fil des années, pour s’adapter aux besoins de la région deviendra le Lycée Professionnel Privé que nous connaissons actuellement.

Le Père Marie-Eugène aimait l’Ermitage : lui aussi avait été impressionné par le témoignage des martyrs, l’envergure des ermites et le dynamisme des Carmes qui vécurent en ces lieux. Il savait ce que représentait l’Ermitage dans l’Histoire de la ville d’Agen : lui-même avait contribué à développer ces liens et il était convaincu qu’ils devaient perdurer.











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